Ecce Opus.
Voilà exactement une histoire qui illustre parfaitement la devise de la Petite Ecole d’Art:
« On n’est pas à l’abri de faire un chef-d’œuvre… »
C’est l’histoire de la pire restauration effectuée par une peintre qui a provoquée la consternation puis l’hilarité du monde de l’art et du web.
A 82 ans Cécilia Gimenez se lance dans la restauration d’un Ecce Homo peint il y a un siècle à même un des piliers de l’église de Borja (Espagne) Le résultat est… étonnant !
D’ailleurs je vous laisse juge sur les deux documents ci dessous.
Tentez de deviner quel est l’Avant de l’Après ?
Mais l’histoire ne s’arrête pas là !
N’en croyant pas leurs yeux, des milliers de touristes et de curieux se précipitent à l’église Santuario de Misericordia, plus de 30 000 en quelques semaines. Devant cette manne tombée du ciel, l’entrée de l’église de cette modeste commune de Saragosse devient payante.
Une somme rondelette est rapidement récoltée et permettra la restauration à l’initiale de l’œuvre massacrée, mais aussi d’une partie du bâtiment.
Mais c’est sans compter les fans de cette nouvelle icône qui a fait le tour du monde sur internet. Une pétition recueillant plus de 20 000 signatures s’oppose à la restauration. Pour les pétitionnaires cette œuvre est «une critique subtile des théories créationnistes de l'Église et une interrogation sur l'émergence de nouvelles idoles » et demandent au maire de Borja de ne pas y toucher. De fait, la ville n’a jamais été autant visitée (57 000 en un an), on fait la queue pour photographier cette relique moderne.
Aujourd’hui Cécilia Gimenez, notre artiste en herbe, et la «pire restauratrice de l’histoire », un temps décontenancée par les foudres des conservateurs du patrimoine se remet vite la tête sur les épaules et devant les marchands qui se précipitent au temple, contre-attaque avec l'aide de quelques vertueux avocats et réclame la moitié des sommes récoltées comme «droits d’auteur » sur cette image.
L’œuvre originale a été peinte par Elias Garcia Martinez (1858-1934) professeur d’art à Saragosse. Il aurait réalisé cet Ecce Homo en deux heures dans l’église du petit village où il avait l’habitude de prendre ses vacances. Modeste peintre, ses œuvres trouvent un regain d’intérêt a la suite de la restauration ratée de 2012, et aux nombreux détournements qu’elle a ainsi suscités.